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La Dynastie du Royaume de Belgique

De la révolution belge à l’avènement de Léopold 1er et à Albert II

jeudi 8 août 2019, par Marc Weikmans

Note liminaire

Cet article n’a d’équivalence possible avec des sites officiels dont celui de la Monarchie belge, ni de livres d’histoire et de chroniques contemporaines ; mais il se veut le reflet et le résumé succinct et chronologique de la succession de nos souverains dans leur époque respective en précisant les événements marquants de l’histoire de la Belgique, des mouvements politiques, sociaux et économiques qui se sont succédés jusqu’aujourd’hui.


La Salle du trône


  • La fête du Roi
  • La fondation du Royaume de Belgique
  • Léopold 1er, fondateur de la Dynastie belge
  • Léopold II, bâtisseur et innovateur
  • Albert 1er, le Roi chevalier
  • Léopold III, devoir et abnégation
  • La Monarchie ébranlée par la Question royale
  • Baudouin, l’unité dans un état fédéral
  • Albert II, garantir la stabilité
  • Abdication du Roi Albert II
  • Déroulement de la passation de pouvoir
  • Plus près de la Dynastie
  • Pavoisement de nos couleurs nationales
  • Chronologie d’un jeune Royaume

    La fête du Roi

    Le 15 novembre est le jour où nous rendons hommage à la personne même du Roi : c’est la ‘Fête du Roi’. Cette date est néanmoins à l’origine d’une certaine confusion. Pour beaucoup de belges, elle correspond encore à la ‘Fête de la Dynastie’ : c’est ce qu’ils ont appris à l’école et c’est ce que de nombreux journaux publient aujourd’hui encore. La Belgique fédérale ne compte que deux ‘Fêtes nationales’ officielles : le 21 juillet et le 11 novembre. Le 15 novembre, jour de la ‘Fête du Roi’, n’a jamais été reconnu légalement comme un jour de fête.

    Au début, les Belges commémorent leur victoire héroïque contre l’occupant orangiste (1830) au cours de plusieurs journées de festivités et de cérémonies en septembre. Ce n’est qu’en 1890 que le 21 juillet, journée-anniversaire de la prestation de serment de Léopold 1er en 1831, devient le jour de la Fête nationale belge.

    La loi du 21 juillet 1922 officialise une autre fête nationale, le 11 novembre, date-anniversaire de l’Armistice. Le 11 novembre 1922, la dépouille du Soldat Inconnu est déposée au pied de la Colonne du Congrès à Bruxelles. Depuis ce jour, le 11 novembre est le jour où nous commémorons tous ceux qui ont donné leur vie pour la patrie. Depuis la fin des années ’60, le 11 novembre représente également une date importante en Belgique pour l’opération 11.11.11 organisée au profit du Tiers-monde.

    Le 15 novembre est fêté pour la première fois en 1866. Le 15 novembre a été choisi comme date de ‘Fête du Roi’ parce que, selon le calendrier liturgique, c’est le jour de la Saint-Léopold. Après la prestation de serment d’Albert 1er en 1909, la ‘Fête du Roi’ est déplacée au 26 novembre, jour de la Saint Albert. Mais en 1912, la mère du Roi Albert meurt… le 26 novembre. C’est pourquoi à partir de 1913, la ‘Fête du Roi’ est de nouveau célébrée le 15 novembre. En 1922, la date est à nouveau déplacée, au 27 novembre cette fois, probablement pour ne pas interférer avec les cérémonies du 11 novembre. En accord avec l’Église, on décide alors de déplacer la Saint Albert au 27 novembre.

    Après l’intronisation de Léopold III en 1934, le 15 novembre redevient le jour de la ‘Fête du Roi’. Il le restera tout au long de la guerre ainsi que sous la régence du Prince Charles (1944-1950). Le Roi Baudouin et le Roi Albert II n’ont pas modifié cette date. Après la prestation de serment du Roi Baudouin en 1951, il existait pourtant une certaine confusion concernant la dénomination officielle. C’est pourquoi, en 1953, le Premier Ministre Van Houten a mis les choses au point dans une circulaire : la Fête du Roi est la seule dénomination officielle.

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    La fondation du Royaume de Belgique

    En 1815, l’Europe se remet doucement des guerres napoléoniennes. Les grandes puissances veulent rétablir l’ordre. Pour empêcher toute récidive, la France doit être isolée. Au Congrès de Vienne, la coalition européenne décide alors de réunir la Belgique et la Hollande en un Royaume des Pays-Bas dirigé par Guillaume 1er de Nassau. Mais celui-ci, très autoritaire, s’attire rapidement les foudres des Belges. Le clergé catholique critique vigoureusement la liberté religieuse instaurée par son souverain protestant. Après vingt ans d’occupation française, la population refuse de passer d’un seul coup de la langue et la culture parisiennes au néerlandais d’Amsterdam. D’autant que cette langue est différente du flamand parlé chez nous…

    Le 25 août 1830, la représentation de ‘La muette de Portici’ au Théâtre de la Monnaie met le feu aux poudres. Cet opéra exalte l’insurrection des Napolitains contre le régime espagnol. Quand le ténor La Feuillade entonne le grand air ‘Amour sacré de la patrie’, la foule se déchaîne. Débordants d’enthousiasme et de patriotisme, les Bruxellois envahissent les rues et s’en prennent aux Néerlandais et à leurs partisans.


    Arrivée des volontaires liégeois


    Guillaume 1er réagit maladroitement et envoie une armée pour rétablir l’ordre. Le 23 septembre, des volontaires belges s’opposent aux troupes néerlandaises dans le parc de Bruxelles. Le mouvement s’étend à toute la Belgique et partout les patriotes repoussent les Néerlandais.

    Le Gouvernement Provisoire proclame l’indépendance de la Belgique le 4 octobre 1830. Un de ses tout premiers décrets prévoit l’élection d’un Congrès National chargé de rédiger la constitution. Une commission spéciale s’occupe déjà de l’élaboration d’un avant-projet…



    Les grandes puissances observent les événements d’un œil méfiant. Certaines sont prêtes à intervenir pour calmer les esprits. La France, qui a par contre tout intérêt à ce que le Royaume des Pays-Bas se divise, prend la jeune Belgique sous son aile. Le 4 novembre, l’Angleterre, la France, l’Autriche, la Prusse et la Russie ouvrent la conférence de Londres, qui doit décider de l’avenir de ce jeune état. Le but est atteint le 20 décembre, lorsque la séparation de la Belgique et des Pays-Bas est officiellement reconnue. Il faut ensuite choisir un chef d’État qui plaît tant à la Belgique qu’aux grande puissances. En attendant, le Congrès National décide d’élire un Régent : Érasme-Louis Surlet de Chokier.
    Finalement, le problème de la royauté sera résolu en choisissant un prince allemand, Léopold de Saxe-Cobourg (âgé de 40 ans et veuf de la princesse héritière anglaise Charlotte). Il n’est cependant disposé à accepter le trône que lorsque les frontières seront clairement définies. Le 26 juin, la délégation belge accepte à Londres le ‘Traité des XVIII articles’, une proposition de compromis qui rend aux Pays-Bas ses frontières de 1790. Léopold déclare alors qu’il acceptera le trône dès que les articles auront été ratifiés par le Congrès National. Le 9 juillet, après des discussions houleuses, c’est chose faite. Une semaine plus tard, Léopold 1er arrive à La Panne sous un ciel radieux. Le 21 juillet 1831, il entre dans Bruxelles et prête le serment constitutionnel sur la Place Royale où, quinze ans plus tôt, Guillaume 1er avait été intronisé.


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    Léopold 1er, fondateur de la Dynastie belge

    Lorsque les négociateurs lui proposent le trône de Belgique, le prince Léopold de Saxe-Cobourg, âgé de 40 ans, vient de refuser le trône de Grèce. Léopold est mondialement réputé pour ses qualités diplomatiques et militaires. En 1812, il a même combattu Napoléon aux côtés de l’armée russe. En 1816, il épouse l’héritière du trône britannique, la princesse Charlotte. Mais un an plus tard, celle-ci meurt en accouchant.

    La délégation belge lui soumet une constitution des plus libérales, qui définit exactement les compétences du Roi. Léopold a du mal à s’y résigner. Mais il l’accepte finalement avec ces mots historiques : ‘’Messieurs, vous avez durement traité la royauté, qui n’était pas là pour se défendre. Votre charte est bien démocratique ; cependant, je crois qu’en y mettant de la bonne volonté de part et d’autre, on peut encore marcher.’’

    Il accède au trône le 21 juillet 1831. À peine deux semaines plus tard, les troupes néerlandaises envahissent la Belgique : Guillaume 1er récuse la délimitation des frontières. L’armée belge est obligée de se rendre mais à la demande du souverain belge, la France envoie une armée à la rescousse. Après dix jours de campagne, les Néerlandais se replient.

    Le 9 août 1832, Léopold se remarie avec Louise-Marie d’Orléans (22 ans), fille du Roi de France. De ce mariage de raison naîtront quatre enfants : le prince Louis-Philippe (en 1833), qui meurt un an après sa naissance, le prince Léopold, héritier du trône (en 1835), le prince Philippe (en 1837) et la princesse Charlotte (en 1840), futur impératrice du Mexique.



    Le souverain, diplomate-né, participe activement à la vie parlementaire. Ses mariages lui ont permis de se faire des amis à la cour de France et d’Angleterre. De plus, il est l’oncle de la Reine Britannique Victoria. Ils resteront très proches. Sur le plan de la politique intérieure, Léopold est un fervent défenseur de l’unionisme, une alliance entre les catholiques et les libéraux contre Guillaume 1er, qui offrait au Roi une plus grande liberté politique. Ce n’est qu’après 1839, que les partis commencent à poursuivre une politique propre.

    L’industrie prend son envol sous le règne de Léopold 1er. Le pays plonge néanmoins dans une crise qui durera de 1845 à 1849. Face à la concurrence de l’industrie textile britannique et suite à quelques mauvaises récoltes de lin, le travail vient à manquer aux fileuses belges. En plus, une maladie de la pomme de terre apparaît. La misère s’étend au pays entier.

    En 1848, des mouvements révolutionnaires proclament la république à Paris. Le vent révolutionnaire se répand également en Belgique. Le 29 mars, l’armée belge refoule 2.000 travailleurs français qui tentaient de franchir la frontière au poste ‘Risquons tout’ (Mouscron). Quelques mesures démocratiques, comme la diminution du cens électoral (impôt sur le droit de vote) permettent à la Belgique de traverser sans trop de dégâts cette période mouvementée.
    En 1860, la suppression des octrois communaux représente une victoire sociale. Débarrassé de cette taxe locale sur le transport des marchandises, le commerce reçoit un coup de fouet. La marine marchande est en plein essor. En 1863, la Belgique rachète aux Pays-Bas le droit de péage sur l’Escaut.

    Lorsque Léopold 1er meurt le 10 décembre 1865, le pays est plongé dans un deuil profond. Le gouvernement décide de rendre hommage au Roi en érigeant une statue au sommet de la colonne du Congrès, rue royale.


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    Léopold II, bâtisseur et innovateur

    Le 9 avril 1835, le Palais annonce la naissance de Léopold, prince héritier et duc de Brabant. Dès son plus jeune âge, le jeune prince est particulièrement intéressé par les contrées lointaines. Il consacre une grande partie de son temps à la lecture d’ouvrages de la bibliothèque de Laeken traitant de voyages et de géographie. Il épouse l’archiduchesse Marie-Henriette d’Autriche le 22 août 1853. Elle va lui offrir quatre enfants : la princesse Louise, le prince Léopold, la princesse Stéphanie et la princesse Clémentine.

    Léopold entreprend de nombreux voyages à l’étranger. Pour protéger ses poumons fragiles du climat belge, mais aussi afin de réaliser ses rêves d’expansion coloniale pour son pays. Il déclare devant le Sénat :’’Un pays n’est jamais petit lorsqu’il touche à la mer !’’. Suite au décès de son père, Léopold II accède au trône le 17 décembre 1865. La Belgique compte alors cinq millions d’âmes, soit un million de plus qu’en 1830. La guerre franco-allemande de 1870 menace nos frontières, mais les deux grandes puissances respectent notre neutralité.

    L’industrie tourne à ce moment à plein régime et notre économie connaît un essor sans précédent. Mais les ouvriers travaillent dans des conditions inhumaines et Léopold II réclame une amélioration de leur sort. Pour permettre la continuation de la croissance économique, il faut trouver de nouveaux marchés et des matières premières. Tous les grands pays européens tentent d’annexer des territoires d’outre-mer. En 1878, Léopold II envoie le célèbre explorateur Henry-Morton Stanley au Congo en tant qu’agent politique. Il doit convaincre les chefs indigènes d’abandonner leur souveraineté à une confédération présidée par le Roi des Belges. Stanley parvient à conclure des accords qui transforment ces territoires en une sorte d’État. Lors de la conférence de Berlin (1884-85), Léopold obtient la reconnaissance internationale de l’État indépendant du Congo, dont il est le souverain.

    Le Roi éprouve toutefois beaucoup de difficultés à éveiller l’intérêt de ses sujets pour ce lointain territoire. Mais le développement du jeune état coûte les yeux de la tête. En échange d’un prêt de 25 millions, Léopold offre le Congo à la Belgique dans son testament en 1890. De plus, notre pays héritera directement de la colonie en 1900 si le prêt n’était pas entièrement remboursé à cette date. Lorsque quelques années plus tard on s’aperçoit que le sol congolais recèle de nombreuses richesses, la politique congolaise de Léopold est vivement critiquée, surtout de l’étranger. Fatigué, il transmet la colonie à la Belgique en 1908.

    Sous Léopold II, une politique de grands travaux se développe en Belgique. En 1880, le réseau routier a doublé par rapport à 1830. En 1900, la Belgique compte plus de 1.000 km de voies navigables. Le réseau de chemins de fer atteint 7.000 km. Le souverain est à la base de la construction du barrage de la Gileppe, du voûtement de la Senne à Bruxelles, du par cet des arcades du Cinquantenaire, du Palais de Justice, de l’avenue de Tervuren, des serres de Laeken, du Pavillon Chinois et de la Tour Japonaise… Souvent, une partie des fonds nécessaires à ces réalisations proviennent de sa propre fortune.

    Léopold est aussi préoccupé par la défense de son pays. Coincé entre deux puissants voisins, il insiste sur l’importance de posséder une armée moderne et il fait construire des forts le long de la Meuse. Sur son lit de mort, il signe la loi du 1er décembre 1909 sur le service militaire personnel selon le principe d’un fils par famille. Il meurt le 17 décembre 1909.


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    Albert 1er, le Roi chevalier

    Lorsque le prince Léopold, fils unique de Léopold II, décède à l’âge de 10 ans, le frère du souverain devient l’héritier de la couronne. Mais le timide prince Philippe renonce au trône en faveur de son fils aîné, Baudouin. Lorsqu’en 1891 celui-ci meurt des suites d’une pneumonie, son frère Albert, alors âgé de 16 ans, devient l’héritier du trône.

    Je jeune Albert s’intéresse énormément à la science et à la technique et voyage beaucoup. Il se marie avec Élisabeth, duchesse en Bavière, le 2 octobre 1900 à Munich. De ce mariage naîtront trois enfants : Léopold en 1901, Charles en 1903 et Marie-José en 1906.

    Le peuple éprouve énormément de sympathie pour Albert et Élisabeth, qui mènent une vie simple, sans grand apparat. Le 23 décembre 1909, la foule présente à Bruxelles réserve donc un accueil particulièrement chaleureux au nouveau Roi. Albert 1er est le premier souverain à prêter serment en français et en néerlandais. En Europe, la tension augmente. Les pays fourbissent leurs armes. En 1913, le Roi Albert se rend en Allemagne et en France pour insister sur la neutralité de la Belgique et pour les prévenir que s’ils violent celle-ci, la Belgique se défendra. Il ratifie également la loi sur le service militaire obligatoire. Cette mesure fait passer le contingent de l’armée de 180.000 à 340.000 hommes.

    En 1914, la Grande Guerre éclate. Le 2 août, l’Allemagne lance un ultimatum à la Belgique : l’Empereur réclame le libre passage de ses troupes, faute de quoi la Belgique serait considérée comme ennemie. Albert refuse et le 4 août, l’armée allemande envahit la Belgique. Après une lutte acharnée à Liège et à Anvers, l’armée belge se retranche derrière l’Yser, le 15 octobre. Elle tiendra quatre années.

    Le Roi refuse de suivre le gouvernement au Havre et reste à la tête de l’armée pour la diriger. Il visite régulièrement le front pour encourager ses hommes. La Reine s’occupe essentiellement des enfants sans foyer et des soldats blessés. Le 11 novembre 1918, les forces en présence signent enfin l’armistice.

    Après quelques années difficiles, le pays se redresse, faisant place à une période de prospérité. Le commerce international se développe et en 1928, la Belgique est même la neuvième puissance économique mondiale. Le paysage politique de l’après-guerre se caractérise par une prise d’importance des partis. Le suffrage universel entraîne une augmentation du nombre d’électeurs et de nouveaux partis voient le jour, comme le parti communiste. La plupart des gouvernements de l’entre-deux-guerres sont des gouvernements ‘d’unité nationale’ : catholiques, libéraux et socialistes.

    Le Roi encourage la création du Fonds National de la Recherche Scientifique afin de relancer l’industrie. Sous le règne d’Albert 1er, les grands travaux se succèdent : le canal Anvers-liège, qui portera son nom, l’écluse du Kruisschans dans le port d’Anvers, les tunnels sous l’Escaut, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, … entretemps, la Reine se consacre à l’art : elle crée la Fondation égyptologique et la Chapelle musicale Reine Élisabeth.

    Le matin du 18 février 1934, la Belgique apprend par radio la mort tragique d’Albert 1er, survenue la veille à Marche-les-Dames alors qu’il s’adonnait à son sport favori, l’alpinisme.




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    Léopold III, devoir et abnégation

    Le Roi Albert est un homme simple et il désire élever ses enfants dans la même optique ; le 14 avril 1915, il incorpore même le jeune Léopold, 13 ans, dans le Régiment du 12ème de Ligne. L’héritier du trône y suit une formation militaire durant les vacances scolaires. Après la guerre, le prince effectue des voyages dans des pays lointains. Au Congo, il est frappé par l’exploitation de la population indigène, un sujet qu’il aborde ensuite longuement en Belgique.

    Au printemps 1926, Léopold rencontre la princesse Astrid de Suède. Ils se marient dans le courant de cette même année. De leur union naissent Joséphine-Charlotte (1927), Baudouin (1930) et Albert (1934).

    En 1934, Léopold succède à son père, décédé accidentellement. Dans son discours d’accession au trôle, il déclare :’’Je sais que la dynastie belge est au service de la nation. J’ai la ferme intention de ne jamais l’oublier.’’ À cette époque, la Belgique est confrontée à une grave crise économique : les faillites augmentent, le chômage se développe, les gouvernements se succèdent mais aucun ne parvient à trouver de solution… le 29 août 1935, la Reine Astrid décède dans un accident de la route, à Küssnacht (en Suisse). Toute la Belgique est en deuil.

    Le 1er septembre 1939, Hitler entre en Pologne. Deux jours plus tard, l’Angleterre et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. La Belgique insiste cependant sur sa neutralité. Après la mobilisation générale, l’armée compte près de 600.000 hommes.
    Le 10 mai 1940, à 4 heures du matin, l’armée allemande, la plus moderne de son temps, envahit la Belgique. Les troupes belges lui résistèrent pendant dix-huit jours, ce qui permet à des milliers de soldats alliés de s’enfuir de Dunkerque vers l’Angleterre. Afin d’épargner la vie de ses soldats et de la population civile, Léopold décide de capituler, contre l’avis du gouvernement en exil. Le Roi, fait prisonnier, reste auprès de son peuple et de ses soldats…

    En 1941, il épouse Liliane Baels, la fille du gouverneur de Flandre occidentale. Elle lui donnera trois enfants : le prince Alexandre (1942), la princesse Marie-Christine (1951) et la princesse Marie-Esméralda (1956). Ce mariage porte gravement atteinte à la popularité de Léopold car pour beaucoup de Belges, il détruit un mythe, celui du veuf, prisonnier de guerre, qui pleure la mort de sa bien-aimée…



    Pendant la guerre, le Roi reste presque toujours à Laeken. À chaque fois qu’il le peut, il intervient en faveur de la population auprès des occupants allemands. Au lendemain du débarquement de Normandie, la famille royale est d’abord déportée au château de Hirschstein en Saxe, puis en Autriche, à Strobl, où elle sera libérée par les troupes américaines le 7 mai 1945.

    Après la guerre, une longue crise politique concernant le retour du Roi déchire le pays. Léopold III abdique finalement le 16 juillet 1951 en faveur de son fils, Baudouin. À partir de cet instant, il disparaît de la scène publique. Il continue néanmoins à exercer la présidence de plusieurs associations et entreprend encore de nombreux voyages d’étude à l’étranger.



    Léopold III décède dans la nuit du 26 au 26 novembre 1983, à l’âge de 82 ans. La déclaration gouvernementale résume les dix-sept années de Léopold III comme suit :’’ Au-delà des vicissitudes de l’histoire, le pays retiendra la haute fonction dont Léopold III a donné l’exemple au long d’une vie marquée par les épreuves. »


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    La Monarchie ébranlée par la Question royale

    Le 8 septembre 1944, quelques jours après la libération de Bruxelles, le gouvernement belge rentre de Londres. Les Chambres réunies concluent que le Roi, déporté par les allemands, ‘est dans l’impossibilité de régner’. La Constitution belge étant basée sur la continuité de la monarchie, le frère du souverain, le prince Charles, est nommé Régent de Belgique en attendant le retour du Roi.

    Pendant l’occupation, Charles avait échappé à la déportation en se cachant à temps. Dans sa prestation de serment, il insiste sur la qualité temporaire de sa fonction : ‘’J’aspire à l’heure où nous verrons le Roi, lui aussi libéré, avec nos prisonniers, avec nos déportés, où nous le verrons prendre les pouvoirs constitutionnels qui lui appartiennent’’.

    Pourtant, au printemps 1945, la ‘Question Royale’ commence à faire parler d’elle. Plusieurs partis critiquent le comportement du Roi durant l’occupation : la capitulation sans l’accord du gouvernement, l’indulgence envers las Allemands, … Mais on lui reproche surtout sa rencontre avec Hitler à Berchtesgaden en novembre 1940. À cette époque, peu d’informations avaient circulé au sujet de leur entretien. Aujourd’hui, nous savons que le Roi voulait obtenir d’Hitler des garanties au sujet de l’indépendance de la Belgique. Il avait également demandé une amélioration du ravitaillement et la libération des prisonniers de guerre. Mais aucune suite ne fut donnée à cet entretien…

    Profitant de l’agitation suscitée par le retour hypothétique du Roi, le parti socialiste déclare que l’abdication est la condition sine qua non pour préserver l’ordre et le calme en Belgique. Cette prise de position des anti-léopoldistes se heurte violemment aux idées des royalistes-essentiellement catholiques.

    Le 7 mai 1945, l’armée américaine délivre notre souverain et sa famille. Lorsque Léopold III informe le Premier ministre, Achille Van Acker, de sa décision de rentrer en Belgique, celui-ci refuse d’assumer toute responsabilité pour les conséquences éventuelles. Une violente manifestation anti-léopoldiste à Liège s’était déjà mal terminée…
    En Belgique, les différentes partis décident de rendre publique leur position sur la question royale. Mais seules les Chambres réunies peuvent décréter la fin de ‘l’impossibilité de régner’. Le retour du Roi en Belgique n’y met donc pas automatiquement fin.
    En attendant, la famille royale s’installe dans une villa à Pregny, près de Genève, en Suisse. Le prince Charles poursuit momentanément son règne sur la Belgique d’après-guerre.

    En juillet 1945 déjà, le Roi Léopold III avait proposé de procéder à une consultation populaire pour connaître l’avis du peuple concernant son retour. Après des discussions houleuses, le gouvernement belge arrive à un accord… fin 1949. Le 12 mars 1950, la population est invitée à se rendre aux urnes.

    Près de trois millions d’électeurs (57,6 %) s’expriment en faveur du retour de Léopold. Cependant, les résultats diffèrent fortement selon les régions. En Flandre, 72 % de la population souhaite le retour du Roi, contre 42 % seulement en Wallonie.

    Le 20 juillet 1950, après de longs débats, les Chambres réunies mettent fin à ‘l’impossibilité de régner’ de Léopold III. Deux jours plus tard, le Roi rentre au pays… un pays déchiré. Partout, ‘royalistes’ et ‘antiroyalistes’ s’opposent. Grèves, manifestations et violence entraînent la Belgique au bord de la guerre civile.

    Le 11 août 1950, le ‘prince Royal’ remplace son père en prêtant le serment constitutionnel. Un an plus tard, le 16 juillet 1951, Léopold III abdique. Le lendemain, Baudouin lui succède et devient le cinquième Roi des Belges.



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    Baudouin, l’unité dans un état fédéral

    En 1950, Léopold III calme les esprits de la population belge en attribuant son pouvoir royal à son fils aîné, Baudouin. Le pays s’unit alors autour du prince héritier. Baudouin a vingt ans lorsqu’il prête le serment constitutionnel, le 17 juillet 1951, en tant que cinquième Roi des Belges.

    L’économie belge connaît assez rapidement une relance. La sidérurgie est en plein essor. De nouveaux grands travaux sont entrepris : la construction de l’autoroute Bruxelles-Ostende, l’écluse Roi Baudouin dans le port d’Anvers, … Après quelques premières initiatives à caractère européen, la Belgique fait partie des pays à la base de la Communauté Économique Européenne. Ces années de gloire atteignent leur paroxysme avec l’exposition universelle à Bruxelles en 1958.

    Le 15 décembre, le Roi épouse la princesse espagnole Doña Fabiola de Mora y Aragón. La très discrète Fabiola gagne rapidement le cœur de son peuple. Un attachement encore renforcé par son intérêt pour le sort des plus défavorisés.

    Sous le règne du Roi Baudouin, la Belgique se transforme lentement en un état fédéral. Plusieurs révisions successives de la constitution en 1970, 1980, 1988 et 1993 répondent au désir grandissant d’autonomie éprouvé par les différents groupes de population. Les intérêts communs à tous les Belges tels que la justice, la sécurité sociale, la défense nationale, etc. restent une affaire fédérale. Dorénavant, la Belgique possède aussi trois Communautés (flamande, française et germanophone) qui traitent elles-mêmes de domaines tels que la culture, la langue et l’enseignement. La politique économique est du ressort des Régions : Wallonne, Flamande et Bruxelloise.

    L’unité du pays constitue cependant la préoccupation principale du Roi Baudouin. Il insiste sur la nécessité de maintenir de bonnes relations et de renforcer la solidarité entre les Communautés et les Régions. Dans ses discours, il parle de ‘civisme fédéral’.

    Les conditions de vie de ses compatriotes sont également très importantes pour Baudouin. Suite à la crise du pétrole, la Belgique est confrontée à une grave crise économique. L’inflation et le chômage augmentent. Au mois de mars 1976, la Fondation Roi Baudouin est créée à la demande du souverain. La Fondation a pour but de soutenir des initiatives visant à améliorer les conditions de vie de la population. Elle s’occupe de domaines très divers tels que : l’aide sociale, l’aménagement du territoire, la recherche scientifique et l’aide au développement.

    Baudouin et son épouse ont en commun l’amour qu’ils portent aux enfants. Dans son message du Nouvel An de 1985, il dit entre autres :’’La Reine et moi avons la conviction que la famille constitue la base de notre société où chacun peut à son tour s’épanouir et devenir un signe d’espérance.’’
    Fidèle à ses principes, le Roi demande même au Parlement, en 1990, de le déclarer (momentanément) ‘dans l’impossibilité de régner’. De cette manière, c’est le gouvernement – et pas lui – qui doit signer la loi sur l’avortement.

    Le Roi Baudouin se préoccupe également beaucoup des problèmes grandissants que sont le racisme et la traite des blanches. Il visite entre autres des centres pour jeunes immigrés ainsi qu’un centre d’accueil pour prostituées.

    Après plusieurs années de problèmes santé, le Roi Baudouin décède le 31 juillet 1993 des suites d’une crise cardiaque dans sa maison de vacances à Motril (Espagne).


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    Albert II, garantir la stabilité

    Après le décès inopiné de Roi Baudouin, son frère Albert monte sur le trône le 9 août 1993. Il devient ainsi le sixième roi à prêter le serment constitutionnel dans les trois langues nationales : français, néerlandais et allemand. Lors de son discours d’intronisation, notre souverain évoque la réforme de la Belgique en État Fédéral : ‘’Je vous demande de traduire dans les faits les nouvelles institutions, de les faire fonctionner au mieux dans un esprit de concorde, de bonne volonté, de tolérance et de civisme fédéral. […] Ce sera le plus bel hommage que nous puissions rendre au Roi Baudouin.’’

    Albert II est né le 6 juin 1934. Il est le second fils de Léopold III et de la Reine Astrid ; le petit fils d’Albert 1er et de la Reine Élisabeth. Le prince est âgé d’un an à peine lorsque sa mère décède à Küssnacht (Suisse), dans un accident de voiture. Après la guerre, le jeune Albert séjourne cinq ans avec la famille royale en Suisse. Il est inscrit dans une école de Genève. Il est âgé de dix-sept ans lorsque son frère Baudouin succède à leur père sur le trône de Belgique.

    Albert suit une formation d’officier à la Force Navale. Après une période d’instruction à Bruges, il embarque pour un stage à bord de la frégate Victor Billet. En 1953, il prête serment en tant qu’aspirant-officier. Il gravira les échelons de la hiérarchie pendant les années qui suivent. Le Prince prend part régulièrement à des exercices OTAN de lutte contre les mines.

    Le 2 juillet 1959, Albert épouse Paola Ruffo di Calabria, fille d’une famille princière italienne. Le peuple belge accueille la charmante Paola comme une reine. Le couple aura bientôt trois enfants : Philippe, Astrid et Laurent.

    La formation maritime d’Albert le prédispose au commerce international. En 1962, il devient président d’honneur de l’Office belge du Commerce extérieur. Il remplira cette fonction pendant 31 ans. Durant cette période, le Prince dirige une centaine de missions économiques à l’étranger, à la demande du gouvernement. Il vante les mérites de notre pays auprès des investisseurs internationaux, rencontre de nombreux chefs d’États et s’entretient avec des ministres et des représentants de divers secteurs d’activité. Son intérêt pour l’économie le conduit également vers les sociétés belges d’exportation.

    En hommage à son engagement dans ces domaines, le Fonds Prince Albert pour la formation des spécialistes en commerce extérieur est créé en 1984. Cette organisation décerne des bourses à de jeunes diplômés afin de participer à des stages au sein d’entreprises belges hors d’Europe.
    Le Prince Albert est également président du conseil de la CGER et de la Croix-Rouge de Belgique. Il est en outre actif dans le domaine de la planification urbaine, du logement et de la protection de l’environnement.

    En 1969, le Conseil de l’Europe fait même appel à lui pour présider la conférence ministérielle pour la protection du patrimoine culturel et architectural. En 1981, le Prince dirige aussi le Comité Belge de l’Année européenne de rénovation urbaine.
    Sa riche expérience nationale et internationale fait du Prince Albert un interlocuteur privilégié de son frère, le Roi Baudouin. Le souverain lui demande régulièrement conseil et l’implique profondément dans les affaires de l’État.

    Au décès de Baudouin, le peuple belge soutient massivement son nouveau Roi, Albert II. De septembre à décembre 1993, la population offre à Albert et Paola un accueil chaleureux lors de leur ‘Joyeuse entrée’ dans les différentes provinces du pays.

    Le Roi se plonge immédiatement dans les nombreuses activités qui incombent à sa fonction de chef d’État. Le 17 février 1994, Albert II signe la nouvelle constitution. Il profite de la circonstance pour rendre visite aux Conseils des Communautés et des Régions, piliers de la nouvelle Belgique Fédérale. Au cours de ses audiences quotidiennes, il reçoit des représentants du monde politique, culturel, économique et social. Chaque année, plus de vingt chefs d’États ou d’organisations internationales rencontrent le souverain. Parmi eux, Nelson Mandela, Yasser Arafat, Yitzhak Rabin, Bill Clinton et Boris Eltsine.

    En tant que chef des Forces Armées, le Roi porte le grade de Général et d’Amiral. Il rend régulièrement visite aux composantes militaires et suit de près la restructuration.
    Plus de cent activités annuelles dans tous les secteurs permettent au Roi de rester au courant des problèmes de son peuple. Albert II prête une attention particulière aux sujets sociaux et à l’éduction. Il s’informe sur les changements en cours dans ces domaines.

    Albert II, il a été royal dans la crise (13 juin 2010 – 6 décembre 2011)
    Les 541 jours séparant la démission du gouvernement Leterme II de la formation du gouvernement Di Rupo constituent la plus longue crise politique de l’histoire contemporaine européenne.

    Albert II a bien mérité de la patrie. L’heureux dénouement, au bout de 541 jours d’impasse politique, c’est aussi au Roi que le pays le doit. Une infinie patience, une sacré résistance, la dose d’humour qui décoince, l’accès public de colère qui détonne : le Roi a puisé dans ses ressources pour couronner de succès sa modeste mission de décrispateur. Ce titre de personnalité de l’année 2011 attribué par l’hebdomadaire Le Vif-L’Express, il ne l’a pas volé.


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    Abdication du Roi Albert II

    Le mercredi 3 juillet 2013, vers 8 heures, un porteur livre un courrier à la résidence du Premier ministre : il s’agit d’une lettre du roi Albert II
    Le souverain fait savoir à Elio Di Rupo sa décision d’abdiquer, "avec regret mais aussi en âme et conscience. (…) Je me dois en effet, de constater que ma santé ne me permet plus d’exercer ma fonction comme je le voudrais. (…) Je constate aussi que le prince Philippe est bien préparé pour me succéder. Après 20 ans de règne et vu mon état de santé, j’estime que le moment est venu de passer le flambeau à la génération suivante".

    Dans cette lettre, le roi Albert II souhaite que la cérémonie d’abdication se déroule le 21 juillet 2013, jour de la fête nationale.

    Quelques minutes avant l’antenne...

    Voici le texte radiotélévisé du message du roi Albert II le 3 juillet 2013

    "Mesdames et Messieurs,

    C’est avec émotion que je m’adresse à chacune et chacun d’entre vous aujourd’hui.

    Je suis entré dans ma 80ème année, un âge encore jamais atteint par mes prédécesseurs dans l’exercice de leur fonction. Je constate que mon âge et ma santé ne me permettent plus d’exercer ma fonction comme je le voudrais. Ce serait manquer à mes devoirs et à ma conception de la fonction royale que de vouloir me maintenir en exercice à tout prix, sans être en mesure d’assumer pleinement mon rôle. C’est une question élémentaire de respect envers les institutions et envers vous, chers concitoyens.

    Après 20 ans de règne, j’estime donc que le moment est venu de passer le flambeau à la génération suivante. Je constate que le prince Philippe est bien préparé pour me succéder. Il jouit, avec la Princesse Mathilde, de toute ma confiance. Au fil des années, notamment dans le cadre des missions économiques menées à l’étranger, le Prince Philippe a montré combien ses engagements envers notre pays lui tiennent à cœur.

    Et par-dessus tout, avec le temps, j’ai appris que notre pays peut compter sur un atout extraordinaire, VOUS mes chers concitoyens ! Avec une population si riche de ses talents, de sa diversité, de son énergie, de sa générosité, l’avenir de notre pays est entre de très bonnes mains !

    C’est donc avec sérénité et confiance, que je vous fais part de mon intention d’abdiquer ce 21 juillet 2013, jour de notre fête nationale, en faveur du Prince héritier, mon fils Philippe.

    Mesdames et Messieurs, tout au long de mon règne, une conviction profonde a guidé ma conception de la fonction royale. Le rôle du Roi des Belges et sa légitimité est de se mettre au service de la démocratie et de ses concitoyens, seuls titulaires de la souveraineté.

    À cet égard, l’institution royale doit continuer à évoluer avec son temps.
    Comme de coutume, je m’adresserai encore à vous le 20 juillet prochain, et je participerai avec la Reine et les nouveaux Souverains aux cérémonies du 21 juillet.
    Je souhaite déjà vous dire que ce fut pour moi un honneur et une chance d’avoir pu consacrer une large partie de ma vie au service de notre pays et de sa population. La Reine Paola et moi n’oublierons jamais tant de liens chaleureux tissés avec toute la population durant ces 20 dernières années.

    Nous vous remercions pour la confiance que vous nous avez témoignée, pour vos gestes de sympathie et de soutien, même empreints parfois de quelque critique. Sachez cependant que vous nous avez toujours été très chers. Nous gardons dans notre cœur le souvenir de nombreuses rencontres dans des moments joyeux, mais aussi lors de grandes épreuves.

    Bien entendu, la fin de mon règne ne signifie pas que nos chemins maintenant se séparent. Bien au contraire !

    Vive la Belgique !"

    Quelques dizaine de personnes se rassemblent devant le palais royal à Bruxelles, pour rendre hommage au souverain. Certains déposent des fleurs. Les royalistes et leurs drapeaux noir-jaune-rouge se mélangent aux touristes d’un jour, attirés par la curiosité.

    À la fin de l’allocution royale, quelques "Vive le roi ! " et "Merci Albert ! " brisent le silence respecté par les personnes présentes, à l’écoute du discours sur leur smartphone. Des camions de captation de chaînes de télévision sont également présents.

    Albert II et Paola quittent le palais royal pour se rendre au Château de Laeken. Une trentaine de manifestants du Vlaams Belang y brandissent des drapeaux flamands et une bannière sur laquelle est écrite : "La République maintenant ! La Flandre indépendante".

    Les manifestants se tiennent pendant quelques minutes devant les grilles du palais avant que la police les somme de se déplacer de l’autre côté de la rue.

    C’est au tour du Premier ministre de s’exprimer. Il annonce à la population que le changement de règne se déroulera le jour de la fête nationale : "Ce 21 juillet, nous aurons donc l’occasion de participer à de multiples célébrations ! Nous fêterons les 20 ans de règne d’Albert II, nous fêterons notre pays et nous fêterons aussi notre nouveau Roi Philippe ainsi que notre nouvelle Reine Mathilde".

    Le chef du gouvernement exprime "son respect et sa compréhension pour la décision du Roi". "Sa sincérité, son courage et sa lucidité concernant sa décision méritent notre admiration", ajoute Elio Di Rupo.

    "À sa naissance, le prince Albert n’était pas destiné à devenir Roi. Mais avec son enthousiasme, son empathie, son humour et son intelligence, il l’est devenu pleinement", fait-il observer. Il souligne aussi l’intérêt "sincère et profond" dont le Roi a marqué son règne envers ses concitoyens. "Un attachement qui est basé sur la simplicité, l’écoute et le dialogue".

    Albert II aura donc choisi lui-même le timing de son abdication, à 79 ans et après 20 ans de règne. Il aura pris soin de veiller à ce que l’intervalle entre l’annonce et la passation de pouvoir ne soit pas trop longue. Et son successeur Philippe aura le temps de s’habituer à sa nouvelle fonction avant le scrutin suivant.

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    Déroulement de la passation de pouvoir

    Le 21 juillet 2013, jour de la fête nationale en Belgique, est un jour particulier dans l’histoire du pays, qui vit l’abdication du roi Albert II et l’accession au trône de son fis Philippe, lequel devient le 7 ème roi des Belges. Compte rendu de ces circonstances particulières, les cérémonies de cette journée ont fait l’objet d’une large couverture médiatique nationale et internationale.
    À 9 heures, la famille royale belge assiste au traditionnel Te Deum du 21 juillet, à la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles, célébration qui est l’occasion de saluer l’œuvre du roi abdicataire.

    Abdication du roi Albert II


    La salle du trône le 21 juillet à 10h45


    Le roi Albert II se présente en la salle du trône du Palais royal de Bruxelles à 10h45, pour signer l’acte de son abdication en présence des autorités politiques et représentants des corps constitués agissant en qualité de témoins. Sont présents notamment, le gouvernement fédéral au complet, la famille royale (à savoir le futur roi Philippe et son épouse Mathilde, la reine Paola, la reine Fabiola, le prince Laurent et son épouse, la princesse Astrid et son époux), les ministres-présidents des entités fédérés (Guy Vervoort ministre-président de la région bruxelloise, Karl-Heinz Lambertz ministre-président de la communauté germanophone, Rudy Demotte ministre-président de la région Wallonne été de la communauté française, Kris Peeters ministre-président de la communauté flamande) les présidents des différents parlements nationaux et régionaux (dont Jan Peumans, président du parlement flamand et membre du parti républicain et indépendantiste NV-A), les présidents de la plupart des partis politiques démocratiques, les anciens premiers ministres, les autorités judiciaires et militaires du pays.


    Le roi prononce son dernier discours


    Le roi prononce d’abords un discours devant l’assemblée, dans lequel il remercie les acteurs de la 6ème réforme de l’État qui est alors en cours. Il fait part de son attachement à l’unité du pays en conseillant aux décideurs de la maintenir à tous prix. Il ose également un écart non prévu dans le discours en remerciant la reine Paola, la gratifiant d’un « gros kiss ».


    La Reine Paola


    Vient alors le discours du premier ministre, Elio Di Rupo qui remercie le roi pour son règne, et la lecture de l’acte d’abdication par Annemie Turtelboom, ministre de la justice. Cet acte est signé par 11 témoins symbolisant les trois pouvoirs, dont le premier ministre et les six vice-premiers ministres (pouvoir exécutif), le président de la Chambre André Flahaut, la présidente du Sénat Sabine de Bethune (pouvoir législatif) et les présidents des plus hautes chambres de justice du pays (pouvoir judisciaire), pour être ensuite signé de la main d’Albert II lui-même.


    La signature


    Dès ce moment, commence l’inter-règne qui, selon la Constitution belge, ne peut durer qu’un maximum de dix jours. Selon le droit constitutionnel belge, la succession du roi décédé ou abdicataire ne commence en effet qu’au moment de la prestation de serment du nouveau roi devant le Parlement réuni, dans l’hémicycle de la Chambre des représentants de Belgique, qui a droit de préséance sur le Sénat.

    Prestation de serment du roi Philippe

    La cérémonie, qui se tient au palais de la Nation où siègent les représentants de la Nation, débute par la déclaration bilingue de Sabine de Bethune, présidente néerlandophone du Sénat belge et d’André Flahaut, président francophone de la Chambre des représentants de Belgique constatant l’abdication du roi Albert II.
    Le prince Philippe est alors introduit dans l’hémicycle du Parlement, réaménagé pour la circonstance, pour prononcer, dans les trois langues nationales, le français, le néerlandais et l’allemand, la prestation de serment, faisant de lui le nouveau roi des Belges.


    La prestation de serment


    Le nouveau roi prononce ensuite le discours du trône. Bien que présente, la délégation du parti indépendantiste flamand Nieuw-Vlaamse Alliancie (NV-A) s’est abstenue de toute démonstration. Le député indépendant flamand Jean-Marie Dedecker n’a pas applaudi le discours, tandis que le parti d’extrême-droite flamand Vlaams Belang était absent. José Manuel Durão Barroso, président de la Commission européenne, a été convié à la cérémonie et l’hymne européen a été exécuté à la suite de La Brabançonne, l’hymne national, pour symboliser l’attachement de la Belgique à l’Union européenne.


    La famille royale applaudit le discours du roi Philippe


    Le couple royal s’est ensuite rendu, encadré par l’escorte royale à cheval au Palais royal pour saluer la foule rassemblée. Comme il est de tradition, une salve de 101 coups de canon a été tirée depuis le Parc du Cinquantenaire.

    Salut au soldat inconnu à la colonne du Congrès

    Comme il est de tradition lors de l’accession au trône du nouveau roi en Belgique, Philippe s’est rendu à 14h10 à la Colonne du Congrès pour rendre hommage au soldat inconnu – cérémonie qui ne fait ordinairement pas partie du programme des manifestations de la Fête nationale – en présence des autorités politiques et militaires. Pour la première fois, le roi porte à cette occasion la tenue de général quatre étoiles, grade du roi en qualité de chef nominal des armées et plus haut grade de l’armée belge.

    Défilé militaire

    En fin d’après-midi, le roi Philippe a assisté à la traditionnelle revue du 21 juillet, première manifestation officielle à laquelle a pris part le nouveau souverain. Celle-ci est l’occasion de commémorer le soixantième anniversaire de la fin de la Guerre de Corée à laquelle avait participé un contingent belge. Le défilé est également marqué par une importante présence des forces armées européennes, du contingent belge de la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF) ou encore du contingent attaché à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL).

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    Plus près de la Dynastie

    Les ‘Nouvelles royales’ retiennent l’attention de tous les Belges. Ils ne sont pas les seuls : notre Dynastie intéresse également les touristes étrangers. Ceux qui désirent mieux connaître la Belgique, son histoire et sa Dynastie, doivent se rendre à Bruxelles, où diverses possibilités leur sont proposées… Tout d’abord, le Musée de la Dynastie. Situé juste à côté du Palais Royal, il permet d’apprendre, d’une manière agréable, à mieux connaître la Belgique et sa Dynastie. Le musée possède une structure chronologique, avec des salles séparées consacrées chacune à un Roi. Dès que l’on entre dans une de ces salles, c’est comme si l’on assiste à la naissance du souverain. Photos, tableaux, lettres, objets personnels, etc. illustrent sa vie. L’adolescence, les bons moments, le mariage, les enfants, les guerres et finalement, l’inévitable : la tristesse du décès. Au travers de la vie de chaque Roi, c’est également l’histoire de la Belgique que l’on découvre petit à petit…

    Chaque année, durant l’été, le Palais Royal ouvre ses portes au public. De fin juillet jusqu’en septembre, on peut le visiter en suivant un parcours délimité qui conduit entre autres à la superbe salle du Trône. Le château de Laeken n’est pas ouvert au public, sauf au printemps, où l’on peut visiter les serres royales. Il est également possible de rendre un hommage aux défunts de la Dynastie belge. La Crypte Royale, dans l’Église de Laeken, est ouverte au public tous les dimanches.

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    Pavoisement de nos couleurs nationales

    Les bâtiments officiels, les maisons des particuliers arborent les couleurs nationales aux occasions suivantes :


    -  Anniversaire du décès de Sa Majesté le Roi Albert I (17 février 1934) et en mémoire des membres défunts de la Famille Royale.
    -  Fête du travail (1 mai)
    -  Journée du Conseil de l’Europe (5 mai)
    -  Anniversaire de la capitulation de l’Allemagne (8 mai 1945)
    -  Anniversaire de Sa Majesté le Roi Albert II (6 juin)
    -  Anniversaire de Sa Majesté la Reine Fabiola
    -  Anniversaire de mariage de leurs Majestés le Roi Albert II et la Reine Paola (2 juillet)
    -  Fête de la Communauté flamande (11 juillet)
    -  Fête nationale (21,22 et 23 juillet)
    -  Anniversaire de Sa Majesté la Reine Paola (11 septembre)
    -  Fête de la Communauté française (27 septembre)
    -  Anniversaire de la bataille de l’Yser (en octobre)
    -  Anniversaire de l’Armistice (11 novembre 1918)
    -  Fête du Roi (15 novembre).
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    Chronologie d’un jeune Royaume

    -  1831 – intronisation de Léopold 1er, premier Roi des Belges.
    -  1832 – la loi monétaire crée le franc belge.
    -  1835 – la première ligne de chemin de fer sur le continent européen relie Bruxelles et Malines.
    -  1839 – par la signature du Traité des XXIV articles, les Pays-Bas reconnaissent l’indépendance de la Belgique.
    -  1846 – le premier télégraphe sur le continent européen relie Anvers et Bruxelles.
    -  1849 – le nouveau code des postes instaure l’affranchissement par apposition de timbres pour la correspondance intérieure. Parution du premier timbre belge.
    -  1850 – la Reine Louise-Marie décède à l’âge de 38 ans.
    -  1854 – premiers tramways à chevaux à Bruxelles.
    -  1857 – la victoire écrasante des libéraux aux élections met définitivement fin à ‘l’unionisme’.
    -  1865 – mort de Léopold 1er à l’âge de 74 ans le 10 décembre.
    -  1865 – Léopold II succède à son père le 17 décembre.
    -  1878 – le Roi inaugure le barrage de la Gileppe.
    -  1885 – les représentants de 59 organisations socialistes de travailleurs fondent à Bruxelles le Parti des Travailleurs Belges.
    -  1893 – les premiers trams électriques sillonnent Bruxelles.
    -  1898 – le Roi officialise la loi sur l’égalité du néerlandais et du français comme langues nationales.
    -  1901 – découverte de charbon au Limbourg et création de la première caisse de chômage à Bruxelles.
    -  1905 – le dimanche devient un jour de repos obligatoire dans l’industrie et le commerce.
    -  1909 – mort le 17 décembre, de Léopold II après 44ans de règne.
    -  1909 – le 23 décembre, Albert 1er monte sur le trône.
    -  1914 – le 28 juin, un étudiant serbe assassine à Sarajevo l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône Autrichien. Ce geste déclenche la Première Guerre mondiale.
    -  1918 – après la guerre, un gouvernement ‘d’unité nationale’ prend la tête de la Belgique : six catholiques, trois libéraux et trois socialistes.
    -  1921 – les ouvriers revendiquent le droit de grève. La semaine de travail est ramenée à 48 heures : six journées de huit heures.
    -  1923 – création de la compagnie de transport aérien SABENA.
    -  1929 – crash boursier à Wall Street suivi d’une grave crise économique mondiale.
    -  1930 – inauguration du premier gratte-ciel d’Europe à Anvers (Boerentoren).
    -  1933 – le Roi Albert inaugure les premiers tunnels sous l’Escaut.
    -  1934 – le 17 février, mort accidentelle de Roi à Marche-les-Dames, à l’âge de 59 ans.
    -  1934 – le 23 février, Léopold III prête serment en tant que quatrième Roi des Belges. En Allemagne, Adolf Hitler prend le pouvoir.
    -  1935 – la Reine Astrid décède accidentellement. Elle n’a que 29 ans. Deux millions de Belges lui rendent un dernier hommage.
    -  1936 – le Sénat approuve la loi accordant aux travailleurs salariés six jours de congés payés par an.
    -  1938 – désormais, l’emploi des langues françaises et néerlandaises à l’armée se fera proportionnellement à l’importance de chaque groupe linguistique.
    -  1939 – la Deuxième Guerre mondiale éclate suite à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.
    -  1944 – les troupes anglaises et belges de la Brigade Piron libèrent Bruxelles le 4 septembre.
    -  1944 – après la libération, le prince Charles est nommé Régent de Belgique.
    -  1945 – le 27 décembre, la Belgique devient membre de l’Organisation des Nations Unies, créée en avril de la même année.
    -  1946 – Paul-Henri Spaak préside la première session de l’ONU à Londres.
    -  1948 – les femmes obtiennent le droit de vote. Un an plus tard, elles votent pour la première fois aux élections législatives.
    -  1949 – la Belgique signe la charte de l’Organisation de l’Atlantique Nord OTAN).
    -  1951 – Léopold III abdique en faveur de son fils aîné, Baudouin.
    -  1951 – le 17 juillet, Baudouin, cinquième Roi des Belges, prête serment.
    -  1955 – le patronat, le gouvernement et les syndicats signent un accord sur la semaine des cinq jours.
    -  1957 – Paul-Henri Spaak quitte la scène politique belge pour devenir secrétaire-général de l’OTAN.
    -  1958 – le Pacte Scolaire met fin à la guerre scolaire qui déchire le pays depuis 1952 au sujet des normes de reconnaissance et de subvention de l’enseignement libre.
    -  1960 – le 30 juin, le Congo belge obtient son indépendance. Quelques jours plus tard, l’armée congolaise se révolte et les para-commandos belges doivent intervenir (ce ne sera d’ailleurs pas la première fois) pour rapatrier nos compatriotes.
    -  1963 – les lois sur l’emploi des langues dans l’enseignement et dans les administrations officialisent le bilinguisme de la Belgique.
    -  1975 – la durée des vacances des travailleurs salariés est portée à quatre semaines par an.
    -  1979 – le gouvernement signe la résolution permettant à l’OTAN d’installer des missiles de croisière sur le territoire national.
    -  1988 – après plus de 75 ans d’exploitation, la dernière mine de charbon du Limbourg ferme ses portes.
    -  1993 – le Roi Baudouin meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 62 ans.
    -  1993 – le 9 août, le prince Albert monte sur le trône. Albert II, devient le sixième souverain des Belges. Il est le premier à prêter le serment constitutionnel dans les trois langues nationales : le français, le néerlandais et l’allemand.
    -  2011 – depuis le 13 juin 2010, la Belgique vit une grave crise politique et est toujours en 2011 sans Gouvernement. Le 20 juillet, à la veille de la fête nationale, le Roi Albert II, dans son discours, se fâche en public, y va d’un discours royal bien senti à l’adresse de la classe politique, et ce souverain que l’on connaissait débonnaire joint de façon inattendue les gestes à la parole pour souligner son ras-le-bol.
    -  2011 – le 6 décembre, après les 541 jours séparant la démission du gouvernement Leterme II la formation du gouvernement Di Rupo a lieu le 6 décembre 2011. C’est la plus longue crise politique de l’histoire contemporaine européenne.
    - 2013 - le 3 juillet, Sa majesté le Roi Albert II annonce son abdication
    - 2013 - le 21 juillet, c’est la passation de pouvoir entre Le Roi Albert II et son fils le Prince Philippe
    - 2013 - le 21 juillet, prestation de serment du roi Philippe qui devient le 7ème Roi des Belges.

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    Crédits :
    -  Chronique de la Belgique – Éditions Chronique
    -  Six Rois – Henri Van Daele
    -  Six Reines – Henri Van Daele
    -  GS-IRP – Forum N°21 du 08 Décembre 1997
    -  Le VIF n°20, l’Express n°3154, hebdomadaire du 16 au 22 décembre 2011 : Albert II vainqueur, ‘’Il a été royal dans la crise’’.
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