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Le poète a souri
vendredi 25 décembre 2015, par
Le bus part et s’arrête,
S’arrête et part et roule
Et puis s’arrête enfin ;
Il descend.
Sans penser,
Il prend sa clé,
Dit bonjour,
Emporte son courrier
Et monte l’escalier.
Il a fermé sa porte
Et regarde sa chambre,
Il regarde un oiseau
Qui griffe le gris du ciel.
Alors il ouvre son cœur
Et déshabille son « moi » ;
Met à son lit étroit
Un baldaquin de fleurs ;
À l’évier, une source
Et derrière le carreau,
Allume des jardins.
Puis, il s’habille de joie,
Il sort son violon
Et fait bruire sans fin,
Fait pleuvoir, fait sonner
La musique de son cœur.
Alors son cœur éponge ;
Son cœur trop desséché
Se met à vibrer
Et même à palpiter.
Il croit au Bon Dieu
Et peut-être à ses Anges ;
Pour peu il se croit deux…
Voici que les voisins
Frappent et maltraitent
En vain, la porte close
En criant des insultes
Et des choses amères.
Alors il a rangé
Fontaines et jardins,
Tentures et habits ;
A clos son violon,
A revêtu son « moi »
De gris et de tristesse.
Et les voisins disaient :
« Celui-là, c’est un fou !
un forban, un voyou ! »
Non, dit un ancêtre,
Celui-là, c’est un poète.
Alors, il a souri.